blk, eau noire et nom obscur

Une des tendances actuelles du naming consiste à retirer une voyelle du nom, encombrement des noms de domaines internet oblige. Citons Tumblr (pour tumbler), Flickr (flicker) et Dopplr (Doppler). Dernier en date : blk (pour black), une eau noire comme l’encre. Fruit d’une réflexion pertinente sur le naming, ou d’un effet de mode ?

Le choix d’enlever une voyelle peut donner aux noms un caractère moderne sans forcément en compromettre la prononciation. Le nom blk se veut ainsi décalé ; il reflète le caractère branché d’une marque promue par des stars de la mode, positionnée comme jeune et fashion. C’est là que le bât blesse. L’originalité est certes cruciale pour un nom, mais pas aux dépens de son intelligibilité. Tumblr se prononce facilement car la voyelle supprimée est reconstituée sans mal par le cerveau ; « er » est en effet une finale très courante en anglais, au même titre que « eur » en français.

Ici, c’est une toute autre histoire : black n’a qu’une seule voyelle. Sans elle, le mot perd sa couleur vocalique et ressemble à un sigle (comme SNCF). Et en enlevant en plus le « c », on s’éloigne fortement de l’orthographe du mot d’origine. Cela a deux conséquences : d’abord, on ne fait plus spontanément le rapprochement entre « blk » et le mot « black », mais surtout, on hésite sur la prononciation dans tous les cas : faut-il dire [beɛlka] (prononcé « bé-elle-ka ») ou black ? Le site officiel américain opte pour « bee el kay » (prononciation anglaise des trois lettres), mais un spot publicitaire mexicain semble lui préférer black*. Un dilemme propre à dérouter les consommateurs.

Cet article a été écrit pour le magazine LSA. Retrouvez-le dans le n°2359 du 26 mars 2015.

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