Le site Prodomaines nous apprend qu’un certain Peter Gordon Blue s’est emparé du nom de domaine « torrents.com » en début d’année pour la coquette somme de 84 000 $.

Riche féru de cours d’eau en mal de reconnaissance sur la toile ? Non, naturellement.
Cet acheteur est avant tout intéressé par l’appât du gain potentiel attaché au trafic internet associé aux « torrents informatiques ». Car il ne s’agit pas ici d’eau pure, qui coule dans le lit des rivières, mais de contenus informatiques qui « coulent à flots » sur certains sites de téléchargement : on parle ici de livres, d’émission TV, de séries, de films, etc.

Une nouvelle définition du mot « torrent »

Ce rachat est une nouvelle occasion de constater que les langues et leur vocabulaire évoluent. Le Petit Robert définit actuellement le mot « torrent » comme un « cours d’eau à forte pente, à rives encaissées, à débit rapide et irrégulier ». Le TILF, plus précis, parle de « cours d’eau à forte pente des régions montagneuses ou accidentées, à débit très irrégulier, à crus subites ou violentes ».

Est-ce à dire que les contenus informatiques qui coulent dans ces torrents numériques connaissent, eux aussi, des crues violentes, et des flux très irréguliers ?
C’est possible, mais ce n’est sans doute pas pour cette raison que les internautes utilisent le mot torrent, plutôt que celui plus paisible de rivière/river, ou encore que le mot fleuve (by the way, qui se dit également river en anglais), qui évoquerait la puissance du débit, sans le caractère erratique et sauvage du débit des fougueux torrents ?
Gageons que le choix du mot torrent est lié à la puissance de sa principale évocation : la rapidité, qui est probablement le bénéfice majeur attendu des internautes en mal de téléchargement.

A l’origine de celle nouvelle connotation : le logiciel BitTorrent

Cette montée en valeur du mot « torrent » vient en réalité du logiciel BitTorrent : depuis 12 ans maintenant, BitTorrent permet le partage de fichiers en pair-à-pair – au lieu de passer par des serveurs, les utilisateurs connectés au logiciel échangent directement leurs fichiers entre eux.
L’entreprise BitTorrent déclarait en 2012 que ses logiciels avaient dépassé la barre des 150 millions d’utilisateurs actifs par mois.

Torrents.com n’est donc que le dernier d’une flopée de sites de téléchargement de fichiers torrents plus ou moins légaux, parmi lesquels on compte le fameux The Pirate Bay et le très homonymique torrentz.com.

Les spécialistes de naming que nous sommes ne manqueront pas de s’interroger sur les marques qui se cachent derrière ces torrents. Car torrents.com et torrentz.com sont des noms de domaines quasi-identiques ; alors, de là à penser que ces deux noms de domaines cachent un conflit de marques, il n’y a qu’un pas… que nous ne franchirons pas ici, mais peut-être dans un prochain billet.

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